COVID 19

 » La liberté avec laquelle nous passons le temps, nous mouvant d’un lieu à l’autre, d’une rencontre à la prochaine, nous soutient dans le temps, parce qu’elle donne forme au cours de la vie.        
Mais pour peu que ces rapports soient perturbés, pour peu que ce secours soit compromis et qu’au contraire tout s’avère menaçant, que les lieux visités donc, les êtres croisés, nos repères familiers soient hantés par le spectre d’une violence possible qui pourrait faire irruption, sans prévenir, la vie devient invivable « . 
Marc Crépon- philosophe
Libération, 19-10-2015 
Écrits après l’attentat du Bataclan, ces mots ont résonné plus fort que jamais au lendemain de l’allocution présidentielle du 16 mars, sur la propagation planétaire du coronavirus, nous intimant le confinement sans jamais en prononcer le mot. Réveillée le lendemain matin KO, j’ai été prise de  sanglots comme à l’annonce de la perte d’un être cher.
J’ai compris, dans le soleil précocement estival de l’après-midi, munie de ma carte d’identité et de l’attestation de déplacement, longeant le canal quai Dusuzeau et soudain saisie par la beauté du paysage paisible et bucolique de la marina, des forsythias en fleurs, que rien ne serait plus jamais comme avant.         
Et j’ai nourri cet espoir fou et nécessaire d’en sortir collectivement plus responsable, plus soucieux de la nature, des autres et de soi-même.
Véronique Ejnès