Alors qu’il rend visite à son ami prêtre Le Père Thomas, aumônier d’un établissement pour personnes déficientes mentales, dans les années 1950, Jean Vanier découvre l’enfer dans lequel vivent les personnes handicapées entassées dans de grandes institutions psychiatriques.
Frappé par leur soif de relations et d’amitié : “ Veux-tu être mon ami ? Reviendras tu ?”, Jean propose à Rapahël Simi et Philippe Seux de partager sa vie.
Jean Vanier (1928-2019) |
Ce quotidien simple dans une maisonnette du village de Trosly Breuil (Oise) baptisée l’Arche, il ne sait pas encore, qu’il deviendra un modèle qui va essaimer aux quatre coins de la planète.
Très vite les voisins du village, 2 puis 3 et de plus en plus de personnes affluent. Jean raconte comment, au-delà des tâches journalières à accomplir, les liens, la connaissance et la reconnaissance mutuelle, l’écoute s’approfondissent. Les “pauvres” à qui il venait proposer son soutien, ont des richesses insoupçonnables à partager avec qui désire les rencontrer.
Progressivement dans ce vivre ensemble, dans ce climat bienveillant, sécurisant, les uns et les autres se laissent déplacer, transformer et toucher au plus profond de ce qui fait leur humanité commune.
Ces liens d’amitié Jean Vanier les a tissés, puis nourris fidèlement jusqu’à son décès. Toutes les semaines il allait toujours, du haut de son mètre 97 tassés par 90 ans, déjeuner dans son foyer “ Le Val fleuri ”.
Apôtre du “droit à l’originalité », prophète de la “vulnérabilité humaine”, Jean Vanier condamnait la tyrannie de la normalité qui laisse sur le bas-côté ceux, jugés « bons à rien », par une société orientée sur la performance et la compétitivité. Il dira dans une de ces dernières interviews : » Ce monde est à l’envers, le monde selon l’Évangile c’est le monde à l’endroit ”.